Il y a encore un an, je connaissais PowerBI (un outil de la suite Office 365 de Microsoft) comme un nième outil d'analyse de données, réservé aux spécialistes.
Depuis juin 2016, au sein d'une équipe "digital" chez mon client GRTgaz, je travaille aux côtés d'une équipe de quelques ingénieurs spécialisés dans le traitement de la données, avec l'outil Power BI.
Ce sont eux qui m'ont fait découvrir PowerBI, au travers des multiples cas d'usage possibles. Et ce sont eux aussi (et en particulier Mouadh Jomaa) qui m'ont fait réaliser que PowerBI était extrêmement lié à tout l'écosystème intranet de l'entreprise, et que penser la collaboration digitale sans y intégrer PowerBI était à minima un vrai gâchis, au pire une vraie erreur.
Mouadh m'a montré plusieurs cas d'usage bluffants, ainsi que plusieurs exemples d'intégration de l'outil dans les autres outils de la suite Office 365, comme Teams par exemple. Les opportunités m'ont semblé fabuleuses : assez, en tout cas, pour interroger Mouadh sur le sujet, et lui offrir une tribune.
Mouadh, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Mouadh Jomaa : Je m'appelle Mouadh JOMAA, je suis issu d'école d'ingénieur high tech généraliste (ECE Paris). Après avoir découvert le monde du management de la donnée, j'ai intégré l'équipe en charge de cette ligne d'activité dans l'entité Consulting du groupe CGI où j'ai commencé à faire mes premières armes.
J'ai aujourd'hui 28 ans et travaille toujours dans le management de la donnée en entreprise en tant que consultant pour le compte d'Umanis Consulting. Tu l'as donc bien compris, je passionné de Data au sens large, féru de nouvelles technologies, fan et joueur de BasketBall, et je commence à réaliser mon rêve d'enfant en commençant le pilotage de petits avions :)
C'est quoi la data ? À quoi ça sert, comment ça marche, quel outil ?
Mouadh Jomaa : La data c'est clairement le nerf de la guerre de toute entreprise. Nous avons connu la révolution Française, la révolution industrielle et de manière bien plus prononcée, nous sommes en pleine révolution dans le monde de la donnée. Tout a commencé il y a quelques années avec la naissance des premières conceptions de reportings, ceux-ci notamment utilisés pour rendre des comptes à son responsable.
Aujourd'hui la donnée commence à avoir une place prépondérante dans toutes les organisations, on commence à voir apparaître des CDO (Chief Data Officer) dans toutes les entreprises qui ont vu, qui croient au pouvoir de la donnée et qui veulent insuffler cette fibre/vision dans la stratégie générale de l'entreprise.
Le domaine qui explose depuis des années et qui a, encore plus aujourd'hui, le vent en poupe est celui de la Business Intelligence (BI pour les intime aussi connu sous le nom de l'Informatique Décisionnelle).
Le but de la BI, qui allie maîtrise technologique et compréhension des besoins des utilisateurs, est de délivrer la bonne information, au bon moment et à la bonne personne afin d'aider cette dernière dans sa prise de décision.
De manière générale, une fois le besoin de restitution de données établi, on remarque une recrudescence de projets en doublons et/ou qui peuvent utiliser les mêmes données... Dans un soucis d'efficacité, afin de rester en maîtrise sur la totalité de la chaîne décisionnelle et pour éviter tout ce qui pourrait s'apparenter à du Shadow IT, des chantiers de création d'une gigantesque base de données à l’échelle de l'entreprise voient le jour. Les entreprises les plus avancées en la matière parlent même de Data Lake.
Le but étant de mettre à disposition des utilisateurs, une base mutualisée de données à jour afin qu'ils puissent l'exploiter à leurs propres fins et ainsi éviter une démultiplication de données. Sont également nés les outils de Self-Service BI qui donnent entièrement la main aux utilisateurs dans la création de leur reporting, le fameux MS Excel étant un précurseur en la matière.
A ton avis, quel avenir pour ces outils ?
Mouadh Jomaa : ces outils de Self-Service BI (SSBI) commencent à être connus dans la plupart des organisations. L'avenir pour les professionnels de la BI ne réside plus exclusivement dans les compétences en BI classique pointue, mais bien dans les technologies SSBI, toutes les méthodologies/sciences de l'accompagnement des utilisateurs finaux et dans l’appréhension de nouvelles technologies (formations, coaching, conduite du changement, pratiques agiles, ...).
Ces outils de DataViz (visualisation de données) répondent aux questions posées par les utilisateurs : "qu'est-ce qui s'est passé ?" et/ou "qu'est-ce qui est en train de se passer ?" en fonction de la "fraîcheur" des données.
Le futur de ces outils, en eux-mêmes, est de faire de la prédiction et de donner le pouvoir aux utilisateurs de répondre à la question "qu'est-ce qui va se passer ?". Le challenge est donc positionné tel quel pour les éditeurs de logiciel : il s'agit de rendre simple d'utilisation (en quelques clics) des concepts très complexes de mathématiques et statistiques appliquées.
As tu des cas d'usage frappants que tu pourrais partager avec nous ?
Mouadh Jomaa : mon travail est d'aider au mieux les utilisateurs à tirer le mieux parti de leurs données. Ma journée type est remplie d'exemples frappant :) Et (ce n'est pas pour me déplaire) ces exemples frappants sont tous différents les uns des autres : un utilisateurs différent, un métier différent, un contexte différent, des données différentes et bien sûr un besoin business différent à adresser.
1er cas d'usage :
Un manager a besoin de visualiser des données et de les mettre en relief par rapport à des axes d'analyses complexes, à des fins de présentation en mode story telling : c'est un besoin ponctuel.
En moins d'une heure de temps et grâce à un travail à "4 mains" nous avons été capables de représenter graphiquement une volumétrie de données assez conséquente qu'il n'aurait pas été possible d'analyser via des outils classiques (type excel), ainsi que de mettre en place des axes d'analyses propre au sujet traité avec des recoupements entre plusieurs sources de données qu'il aurait été impossible de joindre.
Les visualisations sont non seulement interactives mais sont également attrayantes visuellement, ce qui en fait un support optimal de présentation en mode story telling.
2ème cas d'usage :
Il s'agit ici d'un sujet un peu plus conséquent, un prototypage complet étalé sur quelques mois de dur labeur. Le but infine est de suivre un plan d'actions à maille annuelle porté par plusieurs équipes différentes. Les challenges étaient multiples sur ce sujet.
Le premier aspect est méthodologique, s'agissant d'un travail de prototypage, il n'était pas envisageable de continuer à adopter cette relation client/fournisseur démocratisée au sein des organisations. Il était bien plus intelligent de travailler en étroite collaboration avec les utilisateurs métiers sachants afin de recueillir, challenger et adresser au mieux leurs besoins (exprimés ou non) au travers d'itérations courtes et successives (les prémisses d'une démarche agile).
Le deuxième aspect est inhérent au sujet en lui-même, le but était de réconcilier ces équipes qui travaillent sur le même périmètre global mais chacun renfermé dans sa propre activité. Ces équipes travaillent sur les mêmes objets mais appellent ces objets de manière différentes. C'est un véritable cauchemar, en terme d'homogénéité et de qualité de données, de réunir ces équipes autour d'un seul et même projet.
Ce que le prototype a mis en évidence c'est qu'il a fallu homogénéiser l'application source avant d'ouvrir aux utilisateurs le service de ce rapport. Ainsi, entre les phases de prototypage et d'ouverture de service, le reporting reflétait les données de l'application source et, du coup, servait à s'assurer de la mise en qualité des données.