Une étudiante alternante en préparation de son mémoire de fin d’études m’a posé il y a quelques jours cette question : que faut-il faire pour qu’un réseau social d’entreprise fonctionne bien ?
La question est intéressante mais la réponse n’est pas simple. J’ai donc proposé d’y répondre au travers d’un billet dans ce site pour pouvoir apporter tout le détail possible. C'est'occasion de pointer quelques anciens billets que j'ai postés sur ce sujet au cours des dernières années.
Pour commencer, c'est quoi un réseau social d'entreprise?
Presque dix ans se sont déjà écoulées après les premières expérimentations dans les entreprises pionnières, comme Bouygues Telecom en 2011.
Malgré tout, beaucoup d’entreprise se posent encore de grandes questions philosophiques sur l’intérêt d’un réseau social d’entreprise. Si c’est votre cas, je vous invite à lire mon livre publié en 2015 sur le sujet (cliquer ici) : il peut vous donner quelques idées de l’intérêt d’un tel dispositif dans l’entreprise.
Vous pouvez aussi voir (ou revoir) cette vidéo ci-dessous que j'ai réalisée en 2014 qui explique concrètement ce qu'est un RSE et ses opportunités. Depuis le sujet a beaucoup évolué, mais les bases restent les mêmes.
Le bon fonctionnement de votre RSE dépend des ambitions que vous vous êtes données (ou pas) !
Pour déterminer si un réseau social d’entreprise (RSE) fonctionne bien, encore faut-il avoir une vision claire de votre conception de ce qu'est un "réseau social d'entreprise qui fonctionne bien".
Vous pourriez par exemple penser que votre RSE fonctionne très bien, et en lisant ce qui suit, vous allez peut être découvrir qu'en fait il ne fonctionne qu'à 20% de ce que d'autres en tirent comme usages et opportunités.
C'est un fait : certaines entreprises ne nourrissent pas de grandes ambitions pour leur réseau social d’entreprise, tout simplement parce qu’elles ne savent finalement pas trop ce qu’elles peuvent en attendre. Elles s’étonnent alors qu’il n’y s’y passe rien, alors que finalement, très honnêtement,... elles n’en attendaient pas beaucoup plus.
Dans une entreprise qui a bien compris le sujet et qui l’a intégré dans son ADN, le réseau social d’entreprise a au contraire des fonctions très larges et profondément ancrées dans le quotidien des équipes. En voici quelques exemples.
> C'est un levier pour la direction de la communication interne
C’est d’abord la direction de la communication interne qui aura intégré ce canal dans sa stratégie de communication. Contrairement à ce que certains affirmaient il y a quelques années, le RSE ne remplace pas l’intranet. Cette « crainte » a eu pour conséquence que des directions de la communication interne ont parfois combattu le déploiement d'un RSE dans leur entreprise, qu’elles voyaient à tort comme un danger potentiel.
Alors qu’en fait c’est tout le contraire : le RSE est plutôt un levier important pour assurer la promotion des contenus de l'intranet. Ainsi la direction de la communication interne va pouvoir relayer sur le réseau social d’entreprise ses publications, comme certains grands médias le font avec Twitter ou Facebook. Dans l'idéal elles vont se créer un compte utilisateur "Direction de la communication" pour officialiser leurs communications dans le RSE (mais la DSI leur dira que ce n'est pas possible ;-)).
La direction de la communication interne pourra aussi rebondir ou relayer des publications des équipes du terrain qui vont annoncer de belles réussites. Ce que je vois souvent par exemple ce sont des photos d’un chantier postées par un conducteur travaux qui montre une équipe mettant la dernière brique sur un ouvrage. L'information est alors relayée ou commentée par la direction de la communication interne, ou carrément reprise pour en faire une communication plus Corporate, dans l'Intranet.
Ces usages innovants peuvent amener la direction de la communication interne à réaliser une réelle mutation digitale dans son approche de la communication, comme nous en parlerons plus tard.
> C'est un puissant levier pour développer l'entraide
Le RSE est aussi un formidable outil pour développer le support et l’entraide autour d’outils ou de processus. Par exemple, les utilisateurs du progiciel SAP forment une communauté qu’un RSE peut permettre d’animer. Les responsables de l’outil peuvent y poster des informations (annonces de maintenance, d'évolutions, tutoriels, ...). En s’abonnant au groupe du RSE les utilisateurs de SAP sont informés des nouveautés.
Et au travers de ce même groupe, les utilisateurs peuvent poser des questions et obtenir des réponses de la part des experts de l’outil mais aussi des autres utilisateurs. Sur ce point, pour en savoir plus, je vous invite à lire ce billet : les 10 conseils pour votre communauté de support .
> C'est un outil de promotion des idées et de l'innovation
Le RSE est aussi une solution indispensable pour promouvoir les idées individuelles et les mettre en œuvre. Sans RSE, si vous avez une bonne idée et que vous voulez la partager avec toute l'entreprise, comment allez-vous faire ? Allez-vous oser envoyer un mail à "tous les collaborateurs et managers" de l'entreprise ? Je ne vous le recommande pas : vous risqueriez de sacrés ennuis.
Si vous avez une bonne pratique ou une formidable idée dont vous voulez faire la promotion, vous allez juste créer un groupe de discussion dans le RSE et en faire la promotion autour de vous.
C’est ce qu’a fait Thibault GODART de GRTgaz, sur mes conseils, quand il a eu l’idée de faire des visières polarisées de casque de chantier : tandis qu'il développait son idée, il en faisait la promotion dans un groupe Yammer. Aujourd'hui, la visière est en production. A lire son témoignage en cliquant ci-dessous:
> C'est un outil stratégique pour "mettre en mouvement" l'entreprise
Pour certaines sociétés le RSE a un intérêt stratégique, ce qui ne manque pas de surprendre et d'inquiéter les entreprises qui n’y voient, quant à elles, aucun intérêt du tout.
Le plus bel exemple que je puisse donner est celui du groupe COVEA, le groupe d’assurance avec ses 33 000 collaborateurs, qui mise sur le réseau social d’entreprise pour « mettre en mouvement » toute l’entreprise. Une ambition qui se lit également dans le nom même de la structure en charge de cette démarche dirigée par David Porcheron : son ancienne "direction de la communication interne" a été rebaptisée très justement « direction de la dynamique interne ».
L’intérêt du RSE est ici évident : comment « mettre en mouvement les collaborateurs », leur permettre d’être acteurs de leur entreprise, sans un RSE ? Certainement pas en s’envoyant des mails! À lire la très intéressante interview de david Porcheron dans mon site, que j’ai pu rencontrer dernièrement pour parler de ce sujet :
> C'est un outil d'animation d'équipe
Le RSE est aussi un formidable moyen pour animer les équipes. C’est par exemple le RSE ce que j’avais utilisé en 2012 lorsque le télétravail avait été généralisé dans mon équipe et que la distance distendait nos relations.
L'animation d'équipe, c'est quoi ? C'est partager des informations, se poser des questions, s'informer, se tenir au courant. C'est aussi maintenir une bonne ambiance de cohésion et de relation humaine. Difficile de faire tout cela en se bombardant de mails, quand l'équipe est éclatée sur plusieurs étages, plusieurs sites ou si les membres de l'équipe sont en télétravail.
Dans notre propre cas, le groupe RSE d’animation d’équipe avait permis de retisser une relation humaine et surtout de permettre une animation sans s’envoyer de mails. Nous pouvions ainsi nous tenir informés de l’avancée de nos projets respectifs, nous poser des questions sur des sujets techniques mais aussi partager de bons moments : les photos de naissance du petit dernier ou l’anniversaire d’un équipier.
> C'est une solution pour animer des communautés de personnes
Le RSE est aussi un excellent moyen pour créer du lien social. Je vois par exemple chez mes clients se développer pas mal de groupes de réseau social d’entreprise pour animer des communautés de personnes, comme des réseaux féminins, des réseaux de jeunes cadres ou encore des réseaux professionnels comme le réseau des assistantes de direction, le réseau des « soudeurs » dans certaines entreprises industrielles.
Ces groupes ont tous le même objet : permettre le partage des expériences, des bonnes pratiques et des idées. L'objectif est de créer un esprit de corps, de développer la cohésion et l'entraide. Une chose impossible à faire ou en tout cas pas du tout efficacement avec la messagerie.
> C'est un outil pour animer vos projets
Le RSE peut être également un formidable outil de pour animer vos projets. Je parle d'ailleurs d'animation de projet (et non pas simplement de pilotage) que depuis que j'utilise un RSE, depuis 2011.
Pilotage et animation sont deux choses différentes. Si on fait une analogie avec la voiture, piloter la voiture c'est suivre les indications du tableau de bord, tourner le volant, appuyer sur les pédales. Par contre, animer le trajet en voiture, c'est s'assurer que tous les occupants de la voiture sont d'accord sur la destination, sont informés du trajet et de l'itinéraire. C'est aussi s'assurer qu'il y a une bonne ambiance dans l'habitacle.
L’animation de projet, c’est donc l’art et la manière de garantir que tout le monde partage les mêmes informations et les mêmes documents dans le cadre d’un projet, et qu'ils aient tous une même vue des échanges et des documents partagés. Ce n'est clairement pas le cas lorsque vous animez le projet uniquement avec le mail car chacun a une vision différente et tronquée des échanges : certains trient les mails, d'autres pas du tout. Et même sans trier, en utilisant le moteur de recherche de la messagerie, vous ne trouvez que des "bribes" de conversation, pas les échanges complets.
Toute la collaboration se fait alors via une communauté du RSE : les acteurs du projet ne s'envoient plus aucun mail car toutes les discussions se font au travers du mur de discussion, comme cela est expliquée dans la première vidéo intégrée dans ce billet.
Mais déjà, les usages du RSE changent avec l'arrivée d'autres nouveaux outils notamment dans la suite Office 365. Depuis ces deux dernières années, pour animer mes projets, j'utilise un autre outil que le réseau social d'entreprise : Teams. De sorte que l'écosystème digital de l'entreprise a un impact direct sur la place et l'utilisation de votre réseau social d'entreprise.
L'écosystème digital de l'entreprise a un impact direct sur la place et l'utilisation de votre réseau social d'entreprise
L’écosystème digital, ce sont toutes les applications digitales proposées aux collaborateurs pour « travailler autrement », autrement en tout cas qu'avec seulement la messagerie et les serveurs de fichiers, comment dans les années 90.
Dans certains cas, l’écosystème se limite à la seule messagerie électronique, qui est le composant le plus connu de cet écosystème. Parfois l’entreprise y ajoute un réseau social d’entreprise pour apporter une nouvelle façon de collaborer et de communiquer, et c'est déjà une grande révolution.
Si l’entreprise a adopté la suite collaborative Office 365 la situation est très différente car l’écosystème digital est riche de plusieurs autres outils (une vingtaine principalement).
A lire pour en savoir plus mon livre blanc sur Office 365 : cliquer ici.
Il y a bien sûr Yammer, le réseau social d'entreprise, la solution RSE "clé en main" de la suite Microsoft. C'est un très bon outil qui offre toutes les fonctionnalités essentielles de RSE.
Yammer, le RSE de la suite Office 365
Mais aujourd'hui, dans la suite Office 365, il y a aussi et surtout Teams. Comme Yammer, Teams propose une solution de communication et de collaboration qui s'appuie sur des "murs de discussion". On ne s'envoie plus de mails, mais on "poste" des messages dans des murs thématiques, comme dans un RSE.
Teams, l'outil de "travail d'équipe" de la suite Office 365
Mais Teams va encore plus loin en termes de structuration et d'intégration. Teams permet par exemple de créer des "canaux" de discussion dans une même équipe, alors que Yammer est "mono canal". Autrement dit, pour un projet complexe, avec plusieurs sous chantiers, vous pouvez créer une équipe Teams unique, mais composée de plusieurs canaux (un canal par sous chantier) ce qui permet de structurer discussions et fichiers.
Pour vous en faire une idée, voyez ci-dessous ma vidéo qui décrit comment Teams peut être utilisé pour travailler (par exemple) avec des partenaires externes. Cette vidéo résume les grandes fonctionnalités :
Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'intégration de Teams dans l'environnement de l'entreprise modifie considérablement le centre de gravité de votre réseau social d'entreprise.
Teams prend alors une part des usages qui étaient historiquement dans Yammer : typiquement, l'animation des projets et des équipes ont tout intérêt aujourd'hui, en termes d'usage, à basculer dans Teams. Autrement dit, avec le déploiement de Teams, le taux d'usage du réseau social d'entreprise risque de diminuer.
D'autres usages restent dans le réseau social d'entreprise par contre, comme l'entraide, les communautés de personnes, etc. Dans les entreprises ayant adopté Office 365, savoir positionner Yammer par rapport à Teams est une question lancinante qui fera l'objet d'un billet bientôt.
Mais si certains usages passent de votre RSE à Teams, est-ce un mal ? Est-ce un échec pour le réseau social d'entreprise ? Est-ce un risque pour l'entreprise ? Bien sûr que non. C'est juste l'évolution des choses dans l'intérêt supérieur de l'efficacité opérationnelle des collaborateurs et de l'entreprise. Il s'agit juste d'adopter les meilleurs outils du moment pour les bons usages.
Mais l'entreprise risque de ne pas l'entendre de cette oreille. Si la direction générale missionne un responsable pour qu'il développe l'usage du réseau social d'entreprise Yammer (sans se soucier de l'écosystème globale), Teams sera considéré comme un obstacle, et sera peut-être interdit pour ne pas porter ombrage au RSE, de la même manière que certaines directions de la communication interne ont refusé / refusent toujours les RSE pour ne pas porter ombrage à l'intranet. Ces peurs ancestrales et infondées minent l'efficacité du digital interne dans l'entreprise, et donc les gains d'efficacité opérationnelle de toute l'entreprise.
D'où l'intérêt d'appréhender le digital comme une démarche d'entreprise global avec de la hauteur, et non outil par outil. Nous en reparlerons plus loin dans ce billet.
Le succès de votre réseau social d'entreprise ne dépend pas forcément de l'outil que vous allez choisir
Il y a sur le marché beaucoup de solution de réseau social d’entreprise disponibles. Certaines de ces solutions sont « pure player » autrement dit ce sont des solutions de RSE proposées par des éditeurs qui sont spécialisés dans ce domaine.
D'autres sont des solutions intégrées au cœur d’une suite logicielle ou un progiciel. Je pense par exemple à Yammer de la suite Office 365 dont nous avons déjà parlé.
Chaque solution a des avantages et ses inconvénients. Selon moi, comme nous allons le voir dans la suite de ce billet, ce qui fait le succès d’un RSE ce n’est pas forcément l’outil qui a été retenu mais bien la manière dont on vous aurez lancé la démarche et la manière avec laquelle vous allez l'accompagner.
Vous pouvez prendre la meilleure solution du marché (si vous savez la définir), la plus chère (déjà plus facile) ou choisir une marque très connue par vos collaborateurs dans l'espoir de leur donner envie d'y aller : si vous abordez votre projet sous un mauvais angle, ce sera un échec à coup sûr.
La question de la pérennité de l'éditeur par contre est plus importante. Sachez que vous n'aurez pas une seconde chance en choisissant votre RSE. Une fois le choix arrêté et la démarche lancée, vous aurez de grandes difficultés pour faire machine arrière et choisir un autre outil, soit parce que l'outil ne se révèle pas aussi efficace que vous le pensiez, soit parce que l'éditeur met la clé sous la porte ou abandonne son produit. Il y a très peu (quasiment pas) de réelles solutions pour "migrer" le contenu d'un RSE dans un autre. Le choix que vous allez faire va vous engager sur une longue période de plusieurs années.
Dernière chose : si vous disposez déjà de licences Office 365 pour vos collaborateurs, n’oubliez pas que vous disposez dans ce prix du RSE Yammer qui couvre très bien tout ce qu'on attend d'un RSE. Il offre en plus un avantage non négligeable : son intégration dans la suite Office 365 avec tous les avantages à la clé.
Malgré cela, il arrive que des entreprise qui ont déjà acheté des licences Office 365 boudent Yammer pour différentes raisons (parfois sans vraiment savoir ce qu'est un RSE d'ailleurs). En plus du coût de leurs licences Office 365, ils acceptent de payer des licences supplémentaires pour avoir un autre outil RSE, qui sera pourtant moins bien intégré dans leur suite collaborative.
C'est un choix. Mais selon mon point de vue, cela revient à acquérir une voiture Renault, et de choisir d'y faire installer un moteur de Peugeot.
Les bonnes pratiques pour que le réseau social d’entreprise soit un succès dans votre entreprise
Maintenant que nous savons ce que nous pouvons attendre d’un RSE nous pouvons voir ce qui peut permettre qu’il soit un succès dans l’entreprise.
> Trouvez votre évangéliste !
Lancer un réseau social d'entreprise n'est PAS un projet informatique. Rien dans l'approche de cette démarche en ressemble à un projet informatique : il n'y a pas (normalement) de développement informatique ni de conception (si vous prenez un produit du marché).
Réussir à trouver le bon angle d'approche pour votre société, en fonction de votre culture d'entreprise, de votre histoire et de votre contexte nécessite une vraie maîtrise du sujet car les approches et les ajustements à faire au sein de l'entreprise peuvent être très subtiles.
Pour mener la démarche, trouvez votre évangéliste interne ou faites appel à un expert reconnu pour jouer ce rôle au moins au moment du lancement. Pour savoir ce qu'est un évangéliste et ce que sont ses missions, je vous invite à lire ce billet qui vous explique tout cela avec une point d'humour :
> Ayez conscience des enjeux !
La premier chose et la plus importante c’est que l’entreprise ait pleinement conscience des opportunités qu’offre un réseau social d’entreprise. Rien de grand et d’important ne peut être fait sans que l’entreprise n’ait conscience des enjeux.
Pour déclencher cette prise de conscience il faut l’intervention de l'évangéliste digital dont j'ai parlé tout à l'heure, qui sache expliquer le sujet, montrer et démontrer les intérêts et les gains au travers de « vraies histoires digitales » qui permet de rendre les choses concrètes. Attention aux interventions ultra théoriques avec des termes compliqués. Il n’y a rien de mieux que des exemples concrets.
> Abordez le sujet comme une démarche d'entreprise !
Le déploiement d’un réseau social d’entreprise ne doit pas être abordé comme le déploiement d’un simple outil. Un RSE peut avoir des impacts sur l’entreprise et notamment sur sa culture d’entreprise.
Le RSE donne la parole à toutes et à tous, sans contrainte. Rassurez-vous, il n’y a aucun risque de dérive ou de révolution interne, mais cette perspective peut faire peur. Surtout cette opportunité offerte à tous, risque d’être combattue de l’intérieur par les managers et même les dirigeants qui n’en avaient pas conscience au moment du lancement de leur RSE. C'est ce que j'appelle les "anticorps", un phénomène que je décris dans cette vidéo à partir d'un exemple réel :
Il faut donc bien comprendre le sujet et aborder le sujet comme une vraie démarche d’entreprise avec une ambition et des enjeux pour l’entreprise mais aussi des impacts sur son fonctionnement et sa culture d’entreprise. Il faut définir une stratégie pour définir les modalités de ce déploiement, les moyens, les approches, la communication, etc.
Sur un plan plus général, je vous invite à lire ce billet consacré à cette approche du digital interne au travers d'une démarche d'entreprise :
> Faites de la promotion, communiquez !
Vous lancez un réseau social d’entreprise ? Bravo mais faites de la communication autour de cet événement. Expliquez à quoi ça sert, ce que l’entreprise en attend..
À minima intégrez un bandeau de promotion depuis l’intranet de l’entreprise pour en faciliter l’accès. Ce dernier conseil a l’air tout bête mais vous seriez surpris par le nombre de RSE auquel personne ne sait accéder car il n’est accessible de nul part.
Exemple de vidéo de promotion du réseau social d'entreprise dont j'ai assuré le lancement pour GRTgaz, en 2015 (vidéo Toolearn) :
> Cherchez à développer les cas d’usage !
Ces cas d’usage ce sont les exemples que je viens de vous donner. Ils ne vont pas tomber tout cuit dans la tête de vos collaborateurs. Ce sera à l’entreprise de leur inspirer quelques idées.
Prenez votre bâton de pèlerin (et votre évangéliste!) et allez voir les responsables des processus, des outils, et parlez-leur des groupes d’entraide. Allez voir les animateurs des communautés de personnes pour leur parler de gains d’un groupe de RSE.
Aidez les à faire « la bascule » c’est à dire à opter carrément sur ce mode d’information et de collaboration à la place des mails. Cela sous entend par exemple de ne plus répondre aux sollicitations par mails. Il faut être cohérent.
A lire pour en savoir plus ce billet sur l'art et la manière de "réinventer" la vie de l'entreprise avec le RSE, pour reprendre le slogan de Renault dans les années 90 quand a été commercialisée la Twingo.
> Faites la promotion des groupes essentiels !
Au fil des semaines plusieurs centaines de groupes vont peut-être se créer. Pour l’essentiel ce seront des groupes morts-nés comme des groupes de test par exemple.
Mais certains de ces groupes seront des groupes « essentiels » comme par exemple des groupes d’entraide sur des outils importants ou des processus majeurs (les achats par exemple), des communautés de personne, de métier ou des groupes liées à des démarches importantes d’entreprise.
Sachez identifier ces groupes et les mettre en forte visibilité par exemple au travers d’une page dans l’intranet de l’entreprise.
> Faites témoigner vos utilisateurs convaincus !
Parmi les collaborateurs et managers vous allez forcément avoir des personnes absolument convaincues par l’intérêt du RSE parce que ça leur aura apporté une grande aide par exemple.
Faites-les témoigner au travers de petites vidéos que vous pourrez poster dans le RSE ou que vous pourrez projeter pendant des séances de sensibilisation. Ces vidéos mettent en valeur celles et ceux qui innovent, et elles donnent des idées concrètes à leurs collègues.
> Accompagnez les équipes et les utilisateurs !
Je le dis souvent : il faut aider les équipes à réécrire leur scénario de travail. Il faut les aider à se faire de nouvelles habitudes.
Proposez donc une assistance aux équipes qui projettent d’adopter le RSE pour animer une communauté, piloter un projet, animer de l’entraide. Il faut les aider à créer le dispositif, mais aussi a bien le lancer, de la bonne manière avec les bons mots.
Il faut également les aider à bien l’animer en leur donnant des conseils et des bonnes pratiques. Rien n'est inné dans ce domaine.
> Formez les managers !
Les managers peuvent être les meilleurs ambassadeurs du RSE comme ses pires ennemis. Dans certains cas, les managers voient le réseau social d’entreprise comme une menace : il faut non seulement les rassurer mais surtout les impliquer dans la réussite du déploiement.
Il faut typiquement que l’entreprise explique aux managers qu’elle compte sur eux pour en promouvoir l’usage mais aussi et surtout pour l’adopter pour améliorer les processus et les échanges. Notamment pour l’entraide aux outils et processus, ou pour les projets.
Il faut proposer aux managers des sensibilisations pour leur montrer les opportunités, la bonne posture face à l’outil et la bonne manière d’en parler auprès des collaborateurs. Il y a notamment quelques bonnes pratiques à leur expliquer, comme le fait qu'un RSE nécessite un minimum d'autorité dans certaines circonstances, comme je l'explique dans ce billet :
Il faut aussi et surtout expliquer aux managers qu’ils doivent être exemplaires et être eux mêmes utilisateurs de ces outils. Et là, souvent, ce n'est pas simple, car certains managers savent très bien promouvoir le RSE mais sans en être eux mêmes utilisateurs, ce qui pose un sérieux problème de crédibilité.
> Formez les collaborateurs !
La formation des collaborateurs est un peu différente. Mais elle doit couvrir également à la fois l’art et la manière de réagir dans un groupe d’échange du RSE mais aussi l’art et la manière de créer des groupes de discussion car ce sont souvent les collaborateurs qui en sont à l’initiative.
C'est aussi tout simplement les us et coutumes dans un RSE. Par exemple, certains écrivent dans un RSE comme ils rédigent un mail (Bonjour, Cordialement). Il faut apprendre les usages du RSE, comme cela est décrit dans ce billet :
N’hésitez pas à imaginer des événements et des occasions divers pour parler du sujet et avoir ainsi l’occasion de « toucher les collaborateurs » sur le sujet du RSE.
Un exemple d’événement que j’avais organisé : les séances « PhotoPro » qui consistent à offrir aux collaborateurs des photos faites par une photographe professionnel, pour les photos de profil. A lire en détail dans ce billet :
> Direction de la communication interne : appropriez-vous le RSE !
Le réseau social d'entreprise représente une énorme opportunité pour les directions de la communication interne pour démultiplier leurs canaux de communication et pour "toucher" les collaborateurs dans leur quotidien.
Aujourd'hui encore, ces opportunités sont ignorées dans les entreprises. Pourtant, quand la direction de la communication s'approprie le réseau social d'entreprise (au lieu de le combattre), les chances de succès augmentent considérablement.
A lire par exemple dans le billet ci-dessous comment le réseau social d'entreprise est de nature à inspirer la direction de la communication interne à opérer une véritable mutation digitale.
Autre facteur de succès, c'est l'intégration du RSE au coeur de l'intranet, le portail d'entreprise. Sur ce plan, les expériences sont rares. La plus aboutie à ma connaissance est celle de Bouygues Telecom, qui a intégré le RSE au coeur de la page d'accueil, décrochant au passage le prix COMENT 2017. Vous pouvez découvrir cette réalisation dans mon billet ci-dessous :
> Pilotez et supervisez votre RSE !
Nul n’arrive à bon port s’il ne sait pas où il doit aller. Comme je le disais au début de ce billet, déployer un RSE nécessite de définir un minimum de stratégie.
Ensuite il faut faire vivre cette stratégie. Il faut en mesurer les progrès, vérifier les atteintes des objectifs, relever les indicateurs (nombre d’utilisateurs, etc), décider des actions à mener.
Dans le meilleur des cas cette stratégie vit au travers d’un « comité de gouvernance » qui réunit à intervalle régulier les principaux acteurs de l’entreprise et dû dispositif d’accompagnement (idéalement DSI, DRH, DIR COM). C’est l’occasion de faire un état des lieux, de partager les réussites mais aussi les échecs.
> Les dirigeants: tous sponsors et utilisateurs !
Dernier point que j’ai gardé pour la fin tant il est important : le succès d’un RSE dépend aussi pour une grande part de l’implication personnelle du dirigeant et des membres du comité de direction générale.
Dans une entreprise dont j'avais animé le lancement du réseau social social, mon meilleur allié était le Directeur Général de l'entreprise qui réagissait personnellement dans le RSE. Il postait en son nom des informations, mais surtout, il réagissait aux posts des collaborateurs, pour les féliciter ou simplement "liker" les messages.
Le réseau social d’entreprise est un outil de reconnaissance professionnelle puissant et très peu connu. Par exemple, lorsqu’une équipe poste un message avec des photos pour fêter la fin d’un chantier, un « like » sur le message du directeur concerné ou encore mieux, un post de félicitations est de nature à booster les équipes et de booster l'usage du RSE. A lire en détail le billet suivant :
Il est donc important que le dirigeant et les membres du comité de direction générale soit eux mêmes utilisateurs du RSE. Leur simple présence dans le réseau social d’entreprise émet un puissant message aux collaborateurs et à leurs managers quant à l’importance du dispositif pour l’entreprise.
Hélas, rares sont les dirigeants et les grands directeurs à en avoir conscience et à accepter de s’impliquer à ce niveau. Mais s'ils ne souhaitent pas s'y impliquer, peut-être qu'ils n'ont tout simplement pas conscience des enjeux.
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