La Power Platform est une révolution dans le monde des entreprises et en particulier dans les Directions des Systèmes d'information, comme j'en ai parlé dans cet article consacré à la posture des DSI face à Microsoft 365.
Avec ses outils (Power Apps, Power Automate, etc), la Power Platform donne aujourd'hui la capacité à toutes les entreprises de toutes tailles d'outiller leurs métiers avec des outils informatiques couvrant les besoins des métiers. En effet, les projets low code / no code n'ont plus rien à voir en termes de coût, délais et réactivité avec des projets classiques qui sont restés longtemps inaccessibles aux entreprises car trop chers ou trop complexes à mettre en oeuvre.
J'avais eu l'occasion d'assister à une conférence donnée par Ludovic Perrichon, un des experts de la société Abalon sur ces technologies. Un mot, un concept m'avait particulièrement passionné: le pair-programming. J'ai demandé à Ludovic de nous en parler un peu plus.
Ludovic, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Mon nom est Ludovic Perrichon, je viens du monde Audiovisuel, puis de fil en aiguille mon parcours s’est transformé en IT. J’ai commencé ma carrière dans l’IT à Pau en tant que développeur SharePoint 2010. Je suis passé sous SharePoint 2013 ou j’ai un peu fait le tour des métiers : développeur, chef de projet et lead technique. Je suis monté sur Paris en 2015 pour rejoindre la société Abalon, qui est spécialisée sur toute la chaîne de valeur Microsoft 365, dont en particulier la Power Platform.
En 2019, voyant qu'il y avait de moins en moins de projets SharePoint sur lesquels je pouvais travailler comme développeur, j’ai décidé de migrer sous la Power Platform. Cela a été une grande transformation, aussi bien d’un point vue technique, que de projet ou encore de position face aux métiers. Dans ce contexte, j'anime régulièrement des conférences, en participant aux conférences de la communauté aMS ou autre événement.
Tu travailles sur les technologies de la Power Platform aujourd'hui : peux-tu expliquer ce que c'est ?
La Power Platform est un ensemble d’outils cloud de Microsoft. Ils permettent via des interfaces low code / no code, de faire des développements d’applications facilement et rapidement.
Une application en développement dans Power Apps
Un traitement dans Power Automate
C’est très bien pour des projets de petite ou moyenne taille. On peut dire que d’un projet informatique classique qui nécessite 6 mois de travail à une petite équipe, peut être réalisé en 2 mois avec une seule personne sous la Power Platform.
Cette apparente facilité amène aussi ce qu’on appelle des Citizen Dev : c'est le nom qu'on donne à ces personnes n’ayant pas de compétences informatiques mais qui font des applications avec la Power Platform. C’est fonctionnel mais il ne faut pas oublier, en tant que professionnel, à allez au-dessus de ce genre d’application.
Peux-tu donner des exemples de réalisations sur lesquelles tu as travaillé ?
Le genre d’applications assez courantes en ce moment que je réalise sont des formulaires avec des approbations à plusieurs étapes. Ca peut être par exemple des demandes de création de contrats, des demandes d'approbation de demande d’achats. Ce genre d’application peut être réalisé en 2 à 6 semaines de travail pour une seule personne.
Dans les applications qui sortent un peu du commun, un de mes clients client gérait des chaudières. En cas de problème, des mails étaient envoyés pour signaler l'incident. En fonction de la provenance du mail, une personne identifiait la chaudière en panne, puis recherchait la personne qui était d'astreinte dans le secteur pour envoyer le bon technicien et le contactait pour l'en informer. Bref le temps d’intervention pouvait être assez long et tout le processus était laborieux. A la place, nous avons automatisé le processus en détectant automatiquement la chaudière en panne, pour identifier le lieu, puis rechercher automatiquement la bonne personne et le mobiliser. Le temps d'appel est passé d'une vingtaine de minutes à moins d'une minute.
Nous avons aussi réalisé une application de négociation de vente immobilière en bloc à des bailleurs, des applications de gestion de communication interne … En fait, il la seule limite est l'imagination du client.
Quelles sont les conditions pour qu'un projet Power Platform se passe bien ?
Dans un premier temps, comme dans tous les projets informatiques en général, je dirais qu’il ne faut pas partir tête baissée. Être sûr que le client a bien défini son besoin. Il faut aussi bien anticiper les futures évolutions pour être sûr que même dans le futur, la Power Platform sera toujours une réponse appropriée.
Ensuite, il est important de comprendre qu’on est sur une nouvelle technologie qui bouleverse pas mal de choses. Si on essaie de reproduire ce qu'on faisait dans le passé avec un développement classique sans s’ouvrir à cette nouvelle technologie et à sa nouvelle approche, on risque de s’engager dans un surcoût pour une livraison de produit non fini, et avec à la clé une réelle frustration de ses collaborateurs à qui on avait promis un projet économique et rapide.
Bref, il faut changer son "mindset" pour aborder un projet Power Platform sous l'angle de la Power Platform et nous sous l'angle d'un projet informatique classique. Par exemple, on adoptera une approche avec beaucoup d'agilité en fonctionnant par phase de projet, contrairement à un projet classique souvent abordé sous l'angle d'un cycle en V avec un lourd cahier des charges et un tunnel pendant lequel les développeurs et les utilisateurs ne se parlent jamais.
Avec un projet Power Platform, il faut donc que celui qui réalise évolue dans sa façon de faire, mais aussi que le client change sa posture également en s'impliquant dans la réalisation, ce qu'il n'avait pas à faire dans le passé.
Quel profil faut-il avoir pour faire de la Power platform ?
Il existe différents types de profils en fonction des besoins. Par exemple une personne qui n’a pas de connaissances techniques, mais qui est curieux de nouvelles technologies, pourra facilement faire des petits Apps qui répondront à ses petits besoins métier. Dans ce cas ce type de profil est qualifié de Citizen développeur.
Cependant, sur des projets de plus grosse envergure, qui vont impacter plusieurs collaborateurs d’une société (toute une direction par exemple ou toute l'entreprise), ou alors sur des applications un peu plus poussées techniquement, il faudra alors avoir un premier package de développeur. En effet on va vite retrouver des éléments de dev comme des conditions, des boucles, des requêtes …
On voit aussi une forte adaptation des profils venant de base sur des technologies Microsoft, notamment Dynamics et SharePoint.
De mon point de vue, les profiles Dynamics seront avant-gardiste concernant tout ce qui touche à Dataverse (base de données souvent utilisé en Power Platform). Quant aux profils SharePoint, ils ont pour moi plus de facilité a partir d’une application vide.
Dans tous les cas, une personne avec des connaissances de développeur peut facilement trouver ses marques techniquement sur la Power Platform, savoir d’où ils viennent permette plus de comprendre ou on placera le curseur de la monté en compétence.
Tu es Lead Tech PP : en quoi ça consiste ?
Lead Tech consiste à penser techniquement l’application en fonction du besoin du métier. Faire une estimation des tâches à faire puis les répartir au sein de l’équipe des développeurs et de suivre leurs travaux pour s’assurer que tout se passe bien. Et tout cela bien sûr avec la Power Platform, et donc avec l'approche spécifique qu'on doit avoir avec la Power Platform.
On travaille en étroite collaboration avec le chef de projet et on participe aux meetings avec le métier. Pour résumé, pour moi le lead tech c’est celui qui traduit un besoin métier en solution technique.
Dans une de tes conférences, tu as évoqué le Pair Programming : peux-tu nous en parler ?
Par définition le pair programming est le fait de travailler à deux sur le même écran. L’idée est d’avoir deux cerveaux en même temps pour avoir une meilleure réflexion quant au développement d’un projet. Et dans une de mes conférences je fais effectivement référence à une expérience en Pair Programming sur la Power Platform.
Il faut savoir que Abalon a une filiale au Canada, j’entretiens donc une étroite collaboration avec mes collègues Canadiens. Sur un de nos projets, le deadline était très serré. Afin d’aller plus vite je me suis fait aider par un collègue Canadien. De façon plus concrète, en France, mes horaires de travail sur ce projet étaient en moyenne de 9h à 18h. Au Canada, mon collègue travaillait en moyenne pour un horaire français entre 15h – 23h. Du coup je commençais ma journée, j’avançais sur mes tâches, et vers 15h et jusqu’à 18h, on faisait le point avec mon collègue au Canada via Teams sur les tâches à venir.
On se servait de ce temps pour faire aussi du Pair Programming en écran partagé toujours via Teams. Une fois ma journée terminée, le collègue Canadien reprenait la main pour travailler seul sur le sujet jusqu'à ce que je reprenne la main le lendemain matin. Donc pour faire simple, on faisait quasiment deux journées de travail en une. Le projet à été réalisé en un éclair.
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