Dans de nombreuses grandes entreprises, c’est la grande quête du moment. Des études sont lancées tout azimut pour identifier le retour sur investissement (le fameux ROI) de Copilot. Ce qui est en jeu, c'est la décision d’investir ou pas dans ces précieuses licences pour tout ou partie de l’entreprise.
Copilot, la solution IAG de Microsoft
Copilot est un outil très jeune dans l’écosystème Microsoft comparé à SharePoint par exemple, qui va fêter bientôt ses 24 printemps. Copilot a débarqué dans les premières entreprises pilotes il y a pile un an. Et un an avant cela, ChatGPT pointait seulement le bout de son nez. Bref, il y a seulement deux ans, l’intelligence artificielle générative n’était même pas un sujet.
Deux ans, c'est une éternité sur l'échelle technologique où tout va très vite. Mais deux ans, c'est très court sur l'échelle de l'adoption des nouveaux usages. Rappelons que Microsoft Teams est disponible depuis 8 ans et qu’une immense majorité d'entreprises n'a toujours pas réussi à le faire correctement utiliser par leurs collaborateurs (lire cet article). Et je ne parle pas de tous les autres outils de Microsoft 365 qui passent largement sous le radar : Planner, To Do, Loops, Lists, etc.
Copilot apparaît sous deux formes : le Copilot Web (gratuit) et le Copilot Microsoft 365 (payant). Si vous utilisez Edge Chromium (ce que je vous recommande), vous pouvez déjà utiliser Copilot en cliquant sur l'icône Copilot qui apparaît en haut à droite de votre navigateur. Quant à la version payante, elle permet de faire travailler Copilot sur les données de l’entreprise, au coeur des applications (Word, Excel, PowerPoint, Outlook, etc) : c'est là essentiellement que vous trouverez les meilleures plus values dans l'entreprise.
Les cas d’usage sont innombrables et sont de nature à booster l'activité, comme j’en parle dans cet article (cliquer). Cela peut aller de la simple assistance à la rédaction, à la création de support PowerPoint, jusqu'à l'exploitation de tableaux Excel et de données. Copilot peut vous aider à résumer un document ou répondre à des questions que vous vous posez sur son contenu. Impossible de balayer toutes les possibilités, qui évoluent en plus de jour en jour.
Estimer le retour sur investissement : une excellente démarche
Copilot Microsoft 365, c’est cher : 30 euros la licence Microsoft 365 Copilot actuellement. A ce prix les décideurs veulent en avoir pour leur argent et on les comprend.
Beaucoup de grandes entreprises ont donc lancé des missions d’étude du retour sur investissement, et c’est une très bonne chose. On n’imagine pas une usine investir massivement dans une machine-outil très onéreuse sans s’interroger sur ce qu’elle permet de faire, ni ce qu’elle va apporter en productivité.
L’objectif de ces missions, c’est donc de donner aux décideurs toutes les clés de compréhension pour sécuriser l’investissement. Non seulement c’est une approche logique, mais c’est surtout une approche très saine à laquelle j’adhère totalement.
Selon l’équipe (interne ou externe) missionnée pour cette étude, la démarche sera plus ou moins complexe, plus ou moins longue, plus ou moins chère, plus ou moins scientifique, plus ou moins pertinente aussi. Qu’importe la méthode, au final les décideurs attendent toutes les informations utiles en termes de retour sur investissement (ROI) pour décider s’ils doivent ou pas investir dans ces licences d'un nouveau genre.
Il y a une chose qu'il ne faut pas oublier : très souvent, les dirigeants et les décideurs n'en savent pas plus que leurs propres collaborateurs sur ce sujet. Certes, comme tout le monde, ils ont entendu parler de ChatGPT, mais sans plus. Il y a autour de l'IAG beaucoup de promesse, mais aussi beaucoup de questions, de crainte et de réserves. Bref, c'est un sujet très jeune.
Les gains de Copilot
Une étude est forcément nécessaire pour apporter une réponse claire aux dirigeants d’une grande société, qui ont besoin d'éléments tangibles. Mais même sans étude, on peut déjà répondre. Est-ce qu’il y a un réel retour d’investissement sur Copilot Microsoft 365 (la licence payante) ? Oui, bien entendu, mais pas pour n’importe qui, et pas dans n’importe quelle condition. Et c’est là toute la difficulté de la réponse qui se doit d'être nuancée. Mais la nuance, c'est le flou, et le flou en matière d'investissement, les dirigeants n'aiment pas trop ça.
Copilot, ce n’est pas pour n’importe quel collaborateur : tous les collaborateurs n’ont pas besoin de Copilot. Certains personnel n'exerce pas une métier qui nécessite d'avoir une licence Copilot Microsoft 365 intégré dans leur outil de travail. A la rigueur, la version gratuite pourra déjà bien les aider s’ils ont besoin simplement d’une aide à la rédaction ou pour générer une image par exemple. Attribuer une licence Copilot à toute l'entreprise n'a donc pas de sens, surtout au prix actuel.
Copilot, ce n’est pas pour n’importe quel profil : dans l'entreprise, vous avez des personnels très innovants qui explorent et qui innovent et d’autres beaucoup plus conservateurs. Certains vont se ruer sur les fonctionnalités de Copilot pour les essayer et les utiliser. D’autres au contraire ne voudront pas changer leurs habitudes et/ou n’oseront pas utiliser l’outil et/ou ne voudront pas investir les quelques heures de réflexion nécessaires pour se former. La dictée (cliquer ici pour voir ma vidéo) est un formidable exemple de la puissance de l’IA : la fonctionnalité existe depuis plusieurs années, mais qui a vraiment réussi à adopter cet usage?
Pour cette raison, accéder à une licence Copilot devrait à mon sens être une démarche volontaire : si un collaborateur ne s’intéresse pas au sujet, s’il n’investit pas les quelques minutes nécessaires pour prendre connaissance des explications fournies par l’entreprise, s’il estime qu’il n’a pas le temps de regarder des vidéos de sensibilisation & formation, et s’il ne fait pas la démarche volontaire de demander une licence, il y a peu de chance qu’il devienne réellement utilisateur. Bref, si vous donnez d’emblée une licence à tous ces utilisateurs, votre retour sur investissement va en prendre un sacré coup.
Copilot, ce n’est pas surtout dans n’importe quelle condition : votre étude peut vous donner un ROI fantastique, mais si vous ne mettez rien en place pour accompagner les collaborateurs à l’utilisation de cet outil, votre ROI va s’effondrer comme un château de carte. Nous allons en reparler dans la suite de cet article.
Comment aborder l'étude ?
Je suis connu pour être très pragmatique. Etudier le retour sur investissement de Copilot dans une entreprise, paradoxalement, ça fait partie des choses qui me semblent simples en termes d'approche et de résultat.
Selon moi, ce sont 7 étapes :
bien comprendre les spécificités de l'entreprise : la culture d'entreprise, les métiers, l'organisation. Toutes les sociétés ne vont pas tirer le même avantage de Copilot selon leurs métiers.
connaître les directions, et les équipes qui les composent : qui fait quoi, quelles missions ?
identifier des utilisateurs très représentatifs de leurs métiers, qui savent en parler et surtout, qui ont envie d'en parler.
les écouter expliquer leur travail, leurs difficultés, ...
imaginer (pour eux) les scénarios qui vont les aider au quotidien, avec Copilot.
les aider à les mettre en œuvre et à les expérimenter vraiment (pas juste pendant 5 minutes).
évaluer ensuite ce qu’ils en ont tiré comme avantage, après la période d’expérimentation.
Vous l'avez compris, ce sont ces utilisateurs qui vont vous donner "la matière première" qui permettra d’identifier en quoi Copilot peut apporter de la valeur. Mais attention, n'allez pas les voir en leur demandant tout de go : "alors, Copilot, comment vous allez vous en servir ?". Ils ne sauront pas répondre tout simplement parce qu’ils ne connaissent pas l’outil. Ce qu’on leur demande juste, c’est de parler de ce qu’ils connaissent le mieux : leur métier, leur quotidien.
Ce sera à vous d'imaginer les scénarios associés avec Copilot qui leur apporteront le plus de valeur, pour eux. C’est à vous de le faire, parce que c’est vous qui êtes l’expert Copilot. Toute la mission d’évaluation va dépendre en grande partie de votre savoir-faire : si vous n’imaginez pas les bons scénarios, si vous ne parvenez pas à l'expliquer ni à accompagner l'utilisateur dans ses tests, alors forcément l’évaluation des gains sera mauvaise. Mais ça ne sera pas la faute de l’outil.
La qualité des intervenants est donc essentielle pour réussir cette évaluation. Les conditions de réussite, c'est que la ou les personnes en charge de cette étude aient au moins quatre grandes compétences :
savoir écouter et comprendre (qualité d'un auditeur),
bien connaître Copilot et être soi-même un grand utilisateur (qualité d’un expert),
avoir assez d'imagination pour inventer les scénarios associés aux cas d'usage (qualité d’un innovateur),
être capable d’aider ces utilisateurs à les mettre en œuvre pour les expérimenter dans de bonnes conditions (qualité de formateur)
C'est Le fameux mouton à 5 pattes.
Ensuite viendra le travail d’évaluation des scénarios avec les personnes rencontrées
Les critères d’évaluation de la valeur
L’évaluation des gains est toujours très complexe à réaliser. Ce n'est pas aussi simple à évaluer que le retour sur investissement d'une machine-outil qui vous permet de fabriquer 5 fois plus de pièces dans la même journée avec deux fois moins de personnels.
Qui plus est, l'évaluation est très suggestive car chacun d’entre nous a sa propre grille de lecture de la valeur des choses. Pour certaines entreprises, certaines opportunités ont une valeur inestimable, alors que d’autres entreprises ne leur trouveront aucun intérêt. J’en parle en détail dans le chapitre 6 de mon dernier livre « Les opportunités de Microsoft 365 expliquées aux dirigeants et aux décideurs ».
La difficulté de cette exercice tient également au fait que certains décideurs attendent principalement des gains chiffrés et financiers parce qu’ils ont une approche essentiellement comptable. Mais rapporter le ROI de Copilot uniquement à un montant en euros me semble éminemment compliqué pour ne pas dire suspect.
En tout cas, il me semble important de distinguer deux cas:
les cas d’usage individuels pour de l’efficacité personnelle,
les cas d’usage métier pour de l’efficacité collective.
Un cas d’usage personnel c’est par exemple l’utilisation de Copilot par un collaborateur qui se fait aider par l’outil pour analyser un tableau Excel, créer une présentation PowerPoint. On parle donc ici d’efficacité individuelle. Ce cas d’usage personnel est à mon sens le plus complexe à évaluer au niveau de toute une entreprise pour la simple et bonne raison que nous sommes tous différents en termes d’attente, d’usage, de besoin, d’appétence, de compétence, etc. Certains vont utiliser Copilot deux fois dans le mois, d’autres constamment toute la journée. Bien heureux celle ou celui qui sera capable, tel un devin, de déduire de quelques entretiens les gains en euros globaux pour toute l'entreprise, en termes d’efficacité individuelle.
A l’opposé, il peut y avoir des scénarios métier impliquant toute une équipe. Je pense par exemple à une équipe de plusieurs personnes qui doivent analyser chaque jour environ 300. Sur un tel cas d’usage, on peut mettre en place des scénarios métier intéressants, notamment avec du Copilot Studio par exemple et du Power Automate. Si après une petite étude, vous pouvez démontrer qu’avec ce nouveau scénario l’équipe peut analyser non pas 300 contrats par jour, mais plus de 1500 contrats, avec en plus, des indicateurs inédits qui étaient impossibles à fournir auparavant, le retour sur investissement saute immédiatement aux yeux.
Au delà, il y a des critères qui vont faire la valeur de Copilot.
Donnons ces quelques exemples (liste non exhaustive) :
GAINS EN SATISFACTION : c’est selon moi un des points essentiels à prendre en compte. Si un utilisateur trouve Copilot « génial » à utiliser et à exploiter, la productivité et l’efficacité seront au rendez-vous. Et avec, en cadeau bonus, la fierté, l’engagement, le plaisir de travailler, le ressenti d'être efficace. Pour le mesurer, une petite enquête suffit. Mais surtout, ce sont les verbatims qui comptent. Si, après une expérimentation, le collaborateur vous dit, texto « c’est génial ce truc, ça me fait gagner un temps fou », c’est ce verbatim là qu’il faut remonter en restitution, dans ces termes exacts car toute la valeur est dans l'enthousiasme de l'utilisateur. Un enthousiasme qui est difficile de faire transparaître dans des graphiques anonymes.
GAINS EN PRODUCTIVITE : l’exemple donné dans l’exemple métier illustre bien ce critère. Si une équipe est capable de traiter 1500 contrats plutôt que 300 chaque jour, l’amélioration de la productivité est évidente.
GAINS METIER : Copilot peut apporter des gains métier à un scénario de travail, par rapport à un scénario sans Copilot. Reprenons l’exemple de cette équipe qui doit traiter 300 contrats par jour : Copilot peut aider à faire ce traitement, mais il peut également apporter de nouvelles opportunités qui n’existaient pas avant. Par exemple, grâce à Copilot, l’équipe pourrait désormais comparer des contrats entre eux, produire des résumés, ce qui n’était pas possible dans l’ancien scénario de travail.
GAINS EN CREATIVITE : Copilot est très utile pour trouver quelques premières idées. Une utilisatrice par exemple, en charge de la préparation d’un déménagement de son service, peut utiliser Copilot pour dresser une ébauche de liste de tout ce à quoi il faut penser, en général. Copilot ne va évidemment pas écrire lui même le plan de déménagement mais il aura été une source d’inspiration certaine pour aider à le préparer, plus rapidement et plus exhaustivement.
GAINS EN QUALITE D'ANALYSE : Copilot est un outil qui peut énormément apporter dans le cadre de l'analyse des données et des informations. Typiquement, Copilot et Excel sont deux outils très efficaces dans l'analyse des données chiffrées.
GAINS EN RECHERCHE : avec Copilot, on change de paradigme en matière de recherche. On ne recherche plus des documents qui contiennent la réponse à notre question : on pose la question directement et Copilot tente de donner la réponse en se nourrissant des données (fichiers, intranet,...) stockés dans l'environnement Microsoft 365 de l'entreprise. J'aborde ce sujet dans cet article (cliquer) à propos du nouveau positionnement de l'intranet par rapport à Copilot.
GAINS DE TEMPS (efficacité) : est-ce Copilot permet de gagner du temps ? Oui, bien entendu, si l'outil est utilisé 😊. La vraie difficulté est de déterminer combien de temps Copilot fait gagner au quotidien. C'est là où nous sommes tentés de sortir la boule de cristal ou les dès à jouer : comment déterminer le gain de temps individuel sachant que nous sommes tous différents face à nos usages?
Bref, à l'issue de vos expérimentations, vous pourrez estimer tous les gains apportés par Copilot sur le différents cas d'usage. La difficulté sera bien entendu de donner une valeur à ces gains.
Le calcul du retour sur investissement
Vos décideurs attendent souvent de cette étude une sorte de bilan comptable, avec un débit et un crédit et des montants en euros. La grande difficulté est de chiffrer en argent les différent gains identifiés.
Certains gains sont immatériels, et non chiffrables. Par exemple, comment chiffrer en euro la satisfaction de l'utilisateur ? Pourtant, cette satisfaction a une valeur : elle contribue à générer de l'engagement, de la fierté, à réduire le turn-over, etc. Il ne faut donc pas la passer sous silence parce qu'elle ne vaut rien en euro, mais bien présenter sa valeur sous cet angle. Seulement, chaque entreprise a une estimation différente de cette valeur : pour certaines, le bien être du collaborateur et sa satisfaction est une priorité, pour d’autres, pas du tout.
Certains gains financiers sont évidents. Par exemple, reprenons l'exemple de l'équipe en charge du traitement des contrats : si Copilot permet de traiter 5 fois plus de contrats par jour, peut être que cela aboutira à réduire la taille de l'équipe. Le retour sur investissement est alors hélas, très simple à calculer.
Les gains de temps en efficacité individuelle apportés par l'outil à chaque collaborateur sont les plus difficiles à estimer. Beaucoup ont tendance à appliquer une règle de calcul très simpliste qui permet de générer des retours sur investissement mirobolants, en partant sur une estimation globale (et purement imaginée) du temps gagné chaque jour.
Exemple, on estime que Copilot fait gagner 20 min par jour à chacun des milliers de collaborateurs : je multiplie le nombre de collaborateurs X 20 minutes X le taux horaire moyen X le nombre moyen de jours travaillés, et j'obtiens un montant tel qu’il couvre à l’aise le coût des licences sur les 10 prochaines années ! CQFD
Sauf que ce n'est pas si simple. Il y a plus de 20 ans, à mes débuts, j'ai appliqué cette méthode pour expliquer à mon DSI le ROI du nouvel intranet. Je m'attendais à des applaudissements, mais en retour, j'ai eu ce commentaire cinglant : "Christophe, si tu me donnes 20 min par jour, je prends plus de temps à ma pause clop et à la machine à café. Quoi d'autres ?". Bref, mieux vaut avoir des arguments plus solides.
Enfin, rappelez-vous que le retour sur investissement (ROI), c'est la différence entre ce que ça coûte et ce que ça rapporte.
Ce que ça coûte, c'est le TCO (Total Cost of Ownership), autrement dit, le coût de possession. Ca comprend bien entendu le coût des fameuses licences Copilot. Mais pas seulement. Ca comprend aussi le coût du support absolument nécessaire pour que Copilot soit utilisé, et bien utilisé : c'est le coût des personnels (internes ou prestataires) qui vous accompagner les collaborateurs, les former, les conseiller, etc.
Ce que ça rapporte, ce sont tous les gains que vous aurez identifiés au travers des cas d'usage que vous pourrez présenter en restitution. Comme on l'a vu, certains gains seront facilement chiffrables, mais d'autres le sont beaucoup moins. Bref, si on vous demande de livrer à l'issue de l'étude un bilan uniquement chiffré en euros, je vous souhaite bon courage.
La restitution
La restitution auprès des décideurs, ce n’est pas uniquement une présentation des résultats. C’est surtout une occasion unique de LEUR montrer ce qu’est Copilot et de LEUR faire comprendre les vrais usages.
Plutôt que des graphiques et des tableaux abscons, la restitution de l’étude doit donc surtout être pragmatique et montrer des cas concrets compréhensibles par des dirigeants. Je vous invite à truffer vos supports de micro vidéos de quelques secondes qui vont illustrer visuellement les cas d’usage testés. Elles auront un effet waouh sur un auditoire qui n’a peut être jamais encore vu Copilot en action mais qui n’oseront jamais vous l’avouer. Ce sera beaucoup plus convaincant que des graphiques, des textes et des tableaux de chiffres.
La restitution c’est aussi l’occasion de faire un peu de pédagogie. Il ne faut pas oublier de préciser aux décideurs que les résultats obtenus (forcément bons si l’étude a été menée avec les bonnes personnes) ne valent qu’à certaines conditions.
La première de ces conditions, c’est que soit mis en place une réelle assistance des utilisateurs et un accompagnement au long court. Déployer Copilot, comme déployer les outils Microsoft 365 d’ailleurs, ce n’est pas un projet informatique avec une date de fin. Il faudra toujours assurer un suivi auprès des collaborateurs, ne serait-ce que parce que les outils évoluent constamment, parce que tous les collaborateurs ne vont pas avoir le même rythme d'adoption, mais aussi parce que des nouveaux collaborateurs vont vous rejoindre : il faudra les initier à ces nouveaux outils.
D'ailleurs, précisez bien que si les retours de vos expérimentateurs sont positifs à l'issue de cette expérimentation, c'est aussi parce que vous les avez accompagnés, inspirés, guidés, aidés. Si vous aviez mis Copilot dans leurs mains sans explication ni accompagnement, les conclusions auraient été bien différentes.
La seconde condition, c’est que le déploiement de Copilot doit aller de pair avec l’adoption de Microsoft 365, réellement et complètement. En effet, Copilot Microsoft 365 s’inscrit dans un usage dans le cloud : les documents, les données doivent être dans les outils de Microsoft 365 (OneDrive, Teams - et donc SharePoint, …). Si vos utilisateurs en sont encore à demander quelle est la différence entre OneDrive, SharePoint et Teams (c'est du vécu), ça risque d’être compliqué.
Utiliser Copilot sans rien comprendre aux outils de Microsoft 365, c’est un peu faire du vélo sans la selle : c’est possible, mais ce n’est pas facile.
La troisième condition, c’est que l’entreprise engage une sérieuse réflexion sur structuration de ses données (gouvernance documentaire, …) et de maîtrise de la confidentialité, ce qui n’est pas possible si les usages de Microsoft 365 sont laissés à l’abandon (= sans aucun accompagnement). En effet, pour répondre aux questions des collaborateurs, Copilot va s’inspirer des données stockées dans Microsoft 365 et accessibles à ces collaborateurs. Copilot respecte bien évidemment les droits positionnés sur les ressources avant de formuler une réponse, mais si les droits ne sont pas correctement positionnés, il risque de lâcher quelques secrets au hasard d’une réponse.
Vous pouvez également aborder dans votre restitution vos recommandations en termes de stratégie de déploiement pour maximiser le retour sur investissement.
Votre restitution peut par exemple aborder les profils des collaborateurs qui sont potentiellement concernés par ces usages, et ceux qui ne le seront moins ou pas du tout.
Comme je l'ai dit, je recommande, pour ma part, de miser sur le volontariat plutôt que de distribuer en masse les licences. En effet, la condition à un bon retour sur investissement, c’est de donner ces coûteuses licences à ceux qui affichent vraiment la volonté de les utiliser. En plus, cette stratégie fera de ces licences quelque chose de précieux qui n’est pas donné à n’importe qui. La nature humaine étant ce qu’elle est, ces licences n’en seront que plus désirables.
Quant à la présentation des résultats, chacun aura son approche. La mienne est de faire le plus visuel possible et la moins théorique.
L’important, encore une fois, c’est que l’auditoire comprenne les usages et les services que rend Copilot, concrètement, réellement, visuellement. Je suis persuadé que ce ne sont pas des tableaux de chiffres qui donnent cette compréhension, ni des explications théoriques et compliquées.
Bien entendu, cette approche ne marchera pas avec tous les dirigeants : certains, plus conservateurs et/ou old school, attendront une présentation institutionnelle classique et uniquement chiffrée. Dans tous les cas, pour ne pas commettre d’impair, renseignez vous sur la personnalité des personnes que vous allez avoir face à vous.
Reste le plus compliqué : exprimer le retour sur investissement. C’est bien l’objectif de l’étude.
Comme je l’ai expliqué, il y a des gains financiers tangibles qui peuvent être présentés, sans faire de plan sur la comète, ni extrapoler plus que de raison : ce sont souvent des cas d’usage métier collectifs, comme l’exemple que j'ai pu citer.
Mais il reste vraiment compliqué de chiffrer en euros des gains pour toutes les raisons que j’ai évoquées. Il faut en tout cas être prudent sur les hypothèses présentées, notamment pour les gains en termes d’efficacité individuelle pour toute l’entreprise.
Pour ma part, je serais très transparent sur ces difficultés. Encore une fois, on ne chiffre pas le retour sur investissement d’une machine-outil ou de robots qui vont être installés dans une usine : on chiffre des comportements humains, le comportement de gens qui auront des usages très différents d’un même outil. Dis comme ça, on comprend la difficulté de l’exercice, et l’importance d’être humble et prudent dans les estimations financières.
Par contre, il y a tous les autres critères d’évaluation de valeur que j’ai évoqués, et qui sont à la fois facile à comprendre et à montrer. Dans mes restitutions, j’adore surprendre mon auditoire, habitué aux présentations formelles et théoriques, par des citations de leurs collaborateurs qui ont participé à l’étude. Je cite les verbatims tels qu’ils m’ont été donnés par les participants et qui reflètent souvent mieux l’intérêt des outils que n’importe quel chiffre : « c’est cool ce truc », « ça me fait gagner un temps fou », " je ne pourrais plus m'en passer", etc. Ces retours surprennent par leur sincérité et font souvent sourire.
L’important encore une fois, est de bien montrer concrètement les exemples des cas d’usage qui auront été expérimentés par les collaborateurs (micro vidéo à la clé) et d’évoquer les gains (satisfaction, …) identifiés dans ces cas de figure, pour ces personnes en particulier.
Et le retour sur investissement de Microsoft 365 ?
Si des dirigeants et décideurs se déplacent à cette restitution, c’est une très bonne nouvelle : c’est qu’ils s’intéressent et s’interrogent sur les solutions technologiques du moment qui peuvent apporter de l’efficacité collective et individuelle de toute l’entreprise.
Le buzz sur l’intelligence artificielle ces derniers mois n’est sans doute pas étranger à cet intérêt mais qu’importe.
Mais ont-ils cette démarche avec les licences de Microsoft 365 ?
Pour beaucoup, l’achat des licences Microsoft 365 c’est de l’histoire ancienne. Cela remonte pour la plupart à la crise du COVID-19, qui a précipité le choix d’une solution Cloud afin de pouvoir continuer à travailler à distance. À cette époque, le retour sur investissement n’était pas un sujet : il était question de survie. Il fallait juste une solution pour faire des réunions en distanciel et partager des fichiers. Et puis, les mois ont passé et la recherche d’un retour sur investissement ne s’est jamais posé en partant du principe que le coût de ces licences était finalement une charge incontournable et incompressible.
Aujourd’hui, j’en suis témoin, une grande majorité des petites et grandes entreprises ayant acquis des licences Microsoft 365 n’en tire pas grand-chose. Les collaborateurs continuent à travailler comme dans les années 1990, en collaborant avec les mails et les serveurs de fichiers comme principaux outils. Et le pire c’est que ça ne choque pas grand monde.
Par contre, cela pose un vrai problème lorsque vient l’envie de l’entreprise de profiter de l’intelligence artificielle avec Copilot, car l’outil repose sur un usage concret et complet de Microsoft 365 au travers de Teams, SharePoint, OneDrive, …
Bref, si la recherche d’un retour sur investissement de Copilot est une très bonne nouvelle, on peut regretter à ce jour que les entreprises n’aient pas la même approche vis-à-vis de Microsoft 365 dans sa globalité.
Cela leur permettrait peut-être de prendre conscience des opportunités de ces outils s’ils étaient correctement employés dans l’entreprise. Cela leur permettrait également de réaliser que la rentabilité des licences Microsoft 365 pourraient être grandement maximalisée si les utilisateurs étaient correctement accompagnés au sein d'une démarche.
Bref, gageons que cet intérêt pour la rentabilité de Copilot déclenchera par ricochet la même curiosité sur l’ensemble de Microsoft 365 que l’entreprise paie déjà souvent depuis plusieurs années, sans en tirer pleinement les bénéfices.
Sur ce sujet, n'hésitez pas à lire mon dernier livre « Les opportunité de Microsoft 365 expliquer aux dirigeants et des décideurs ». Vous y trouverez tous les arguments et les approches.
Merci à Copilot pour la génération de l'image de la vignette de l'article :
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